D'abord pourquoi donc tricoter des chaussettes ? Quelle intérêt franchement, me diriez-vous ? On en trouve à 2 euros les 6 paires. Pour commencer, parce qu'il s'agit de chaussettes
sur mesure, donc
très confortables, et qui tiennent au pied. Les chaussettes main peuvent comporter un gousset, qui donne de l'aisance pour le talon.
Pourquoi le talon est-il fait différemment des chaussettes du commerce ? Parce que les chaussettes industrielles utilisent la technique des rangs raccourcis (avec mailles en attente),
par dépit. Les machines ne sont pas capables de relever des mailles (cf. épisode II - suite et fin) !!! Les chaussettes sont donc mieux fait à la main qu'à la machine !
Lorsqu'elles remontent comme des bas, on peut élargir la jambe pour mieux épouser la forme du mollet. La partie la plus étroite est donc la cheville, et la chaussette, qui se cale sur le pied, ne redescend pas, même s'il n'y a pas d'élastique. Quelle classe !
Ensuite parce qu'on adore tricoter, bien sûr, et il n'y a rien de plus plaisant que de tricoter des chaussettes. On peut essayer un fil coup-de-coeur sans se ruiner (il en faut très peu), oser un nouveau style, ça avance vite, parce que c'est petit, et on a la satisfaction de terminer une chose. Puis, surtout, on peut emporter son ouvrage partout, étant donné son peu d'encombrement. Voilà un super petit projet portable !!! Le comble, c'est que c'est un objet vraiment utilitaire. Tout le monde a besoin de chaussettes, et de plusieurs paires. C'est tout autre chose que la énième écharpe qui languira sur le porte-manteau. On a toujours besoin de chaussettes d'intérieur pour l'hiver, ou pour la randonnée, ou pour dormir, ou pour se pavaner, pour parer ses petits trésors, pour se changer les idées. Même maman, même la voisine. Celles-ci, qu'on tricote soi-même, son parfaites pour un cadeau de Noël.
Beaucoup de fils conviennent aux chaussettes. Les laines classiques, les laines classiques haut de gamme (merinos), le mohair, les fils spécialement conçus pour les chaussettes bien sûr, l'alpaga, le coton, etc., etc. Il faut bien entendu choisir une laine qu'on aime, car sinon on manque de motivation, et même, on ne se donnera pas à fond, on les ratera peut-être, et c'est sûr qu'on n'aimera pas ses chaussettes. Pourquoi courir vers l'échec ? C'est pas parce qu'on a du fil qu'il faut prendre celui-la.
Il serait presque plus rapide de mentionner ceux qui ne conviennent pas. L'angora ou les laines trop fragiles ("baby"), les laines mèches (laines tordues une seule fois - elles sont plus fragiles que les laines retordues), les pures synthétiques (gardent les pieds humides), et les matières rèches, car même si c'est pour habiller les pieds, la peau de nos chevilles est quand-même sensible. Des chaussettes qui grattent, non merci.
Qu'est-ce qu'il faut d'autre ? Maintenant qu'on a la laine, il faut choisir des aiguilles.
Ici, je présente la façon dont on procède avec deux aiguilles circulaires. On perd moins ses aiguilles et ses mailles qu'avec des aiguilles à deux pointes, même dans le sac à main. En plus, il n'en faut que 2 au lieu de 4 ou 5, ce qui limite le changement d'aiguille où on perd du temps. Pour des chaussettes d'adulte, les 60 cm sont pratiques, pour les enfants, 40 cm sont plus maniables. C'est plus sympa d'avoir les deux de la même longueur, mais si ce n'est pas le cas, on utilisera la plus longue pour le côté de la chaussette qui correspondra au dessous du pied et au talon.
Attention !!! Les chaussettes se tricotent plus serrées que les pulls ou les bonnets. Sinon, elles se détendent et ne tiennent plus au pied, et peut-être bien qu'elles vont vite se trouer. Ici, un fil de la même gamme tricoté pour un pull (à gauche) et pour une chaussette (à droite). Si le fil est fait pour des aiguilles 3,5 mm, il faut prendre des aiguilles 2,5 mm, par exemple.
On commence par un noeud coulant comme tout ouvrage de tricot.
Le noeud coulant est la première maille montée.
Je commence toujours les chaussettes par la pointe, car je ne sais pas d'avance combien de mailles il faudra au total. Je commence par monter au pif une douzaine de mailles, et j'augmente ensuite jusqu'à ce que cela me semble juste assez.
On monte les mailles avec le fil de la pelote, en les tordans avec ses doigts, et on passe ces boucles sur l'aiguille. Si l'on choisit de tricoter un motif irlandais, il vaut mieux monter un nombre pair de mailles, de façon à avoir deux mailles centrales. Si c'est un motif dentelle ou du jacquard, il vaudra mieux monter un nombre impair, de façon à avoir une maille centrale.
Lorsqu'on a monté assez de mailles, on les tricote. à la fin de ce premier rang, le fil libre se trouve du même côté que le fil de la pelote.
Les chaussettes se tricotant en rond, on ne retourne jamais l'ouvrage, et on continue à tricoter toujours en étant face à l'endroit de l'ouvrage. Maintenant qu'on est arrivé au bout du rang, on va donc simplement pivoter l'ouvrage dans le sens de l'aiguille d'une montre.
Ainsi, les boucles qui se trouvent entre les mailles montées se retrouvent vers le haut.
On va tricoter ces boucles comme s'il s'agissait de mailles, à l'aide de la DEUXIEME aiguille circulaire. Il faut tricoter toutes les boucles entre chaque maille montée, sans oublier la dernière, qui tourne autour de la dernière maille. Ainsi, il y a le même nombre de mailles sur chaque aiguille circulaire. Ces deux côtés vont correspondre au dessus et au dessous du pied. A partir de maintenant, pour tricoter, on se servira systématiquement de l'autre bout de la MÊME AIGUILLE. L'aiguille du dessus restera donc toujours dessus, et l'aiguille du dessous toujours du dessous. Sinon.... vous verrez !
Lorsqu'on a terminé de tricoter un rang, on passe l'ouvrage sur le cable plastique de l'aiguille. Ainsi, les mailles ne s'échappent pas pendant qu'on tricote l'autre côté avec l'autre aiguille. De plus, c'est la souplesse du cable qui permet de n'utiliser que 2 aiguilles (circulaires) au lieu de 4 ou 5 (droites, à deux pointes).
Faire pivoter l'ouvrage, et tricoter encore un rang. Les deux fils doivent se retrouver maintenant du même côté. En fait, on se sert du fil libre comme marqueur du début du tour.
A partir de maintenant, et jusqu'à ce que la circonférence voulue soit atteinte, on va augmenter des mailles de chaque côté du pied, dessus et dessous, tous les deux tours (= 4 augmentations tous les deux tours). Une manière propre (qui ne fait pas de trou) d'augmenter une maille est de tricoter le brin qui se trouve en arrière de la maille qui se présente (et qui était en fait la maille du rang précédent). En fin de rang, on tricote le brin qui se trouve en-dessous de la maille qu'on vient de tricoter.
Cette technique de montage, qui ne crée pas de surépaisseur, n'est peut-être pas aussi "élégante" que le montage en "8" ou la greffe (dans les deux cas le lien entre les mailles de dessus et dessous devient imperceptible), mais, je trouve, tellement plus simple. Et puis dites-moi qui est-ce qui va aller scruter la pointe du pied de vos chaussettes pour vous dire si elles sont belles ou pas belles ? Non, vraiment, je ne vois pas l'intérêt d'aller chercher plus loin.
Il existe aussi plusieurs sortes de pointes. Les chaussettes, c'est toute une science.
Lorsqu'on a assez de maille pour le tour du pied, on continue tout droit sans augmenter jusqu'à ce que la chaussette mesure environ la moitié de la longueur du pied.
A partir de ce moment, on recommence à augmenter à droite et à gauche, mais uniquement du côté du dessous du pied, pour former le gousset (au total, 2 augmentations tous les 2 rangs). On continue ainsi jusqu'à ce que la chaussette mesure les deux-tiers de la longueur du pied.
On procède ensuite au talon. Je présente ici un talon dit "carré", qui est tout simplement parfait. Il en existe plusieurs autres, qui pourront vous amuser pour les paires suivantes.
On divise les mailles du dessous du pied par trois. Votre nombre de maille n'est pas divisible par trois ? Le plus important, c'est d'avoir le même nombre de mailles pour les tiers qui sont sur les côtés, qui vont rester en attente. On tricote, en aller-retour, le tiers central uniquement, en laissant les autres mailles en attente de part et d'autre sur l'aiguille. Cette petite bande correspondra au sol du talon.
A chaque fois qu'on tourne l'ouvrage, on glisse la première maille sur l'aiguille de droite sans la tricoter. Cela forme une lisière chaînette, où il sera facile de relever des mailles pour fermer le talon par la suite. Il faut tricoter le sol du talon jusqu'à ce que (le nombre de chaînettes * 2) + le nombre de maille du sol du talon soit égal (à deux mailles près) au nombre de mailles du dessus du pied (ou du dessous avant la formation du gousset).
A suivre !!!